Photo : © Rodolphe Escher
Sorti le 27 août 2008 aux Editions Calmann-Lévy
Au paradis de Candide
Avant-propos
L’amour pour Cunégonde a, jusqu’ici, conduit Candide de pays en pays, mais qu’adviendrait-il si, tout en l’ignorant, il était confronté à un bond temporel et du xviiie siècle atteignait le prochain millénaire ? Là, serait-il encore « au mieux dans le meilleur des mondes possibles » du philosophe Pangloss ?
Un jeune homme, Paul, a eu la joie et la surprise de recueillir un manuscrit, peut-être de maître Voltaire, annoté de cette proposition. Sans cette aubaine, un présumé grand pan des aventures de Candide ou l’optimisme aurait fini par se décomposer à l’Académie française.
Un technicien de surface, qui préfère garder l’anonymat, a découvert ce texte par hasard sous un bout de pain oublié depuis longtemps par le maître lui-même. Selon la légende de la vénérable institution, l’académicien gardait son vieux croûton dans un tiroir et le grignotait en raison de douleurs d’estomac qu’il éprouvait durant les séances fastidieuses de discussions. Le quignon avait pris une si mauvaise allure que personne ne s’aventurait à ouvrir le meuble. Même longtemps après le décès de l’immortel, la vue de ce rogaton vert-de-grisé entraînait un haut-le-cœur et la fermeture immédiate du casier ; avec le temps, le tiroir fut consacré à l’état de temple contenant une relique.
Courageusement, l’audacieux homme de ménage osa s’emparer de ce détritus célèbre, qu’il voulut remettre au musée du Louvre ; celui-ci refusa, invoquant le coût important de son identification au carbone 14 et, en cas d’authentification, de sa conservation dans une vitrine sous vide avec protection par alarme. Ayant fait son devoir, le technicien continua l’inspection du tiroir et c’est alors qu’il découvrit cet écrit. Peu amateur de lecture et ne sachant qu’en faire, des ordres lui ayant été donnés de « le foutre à la poubelle et de cesser d’emmerder son monde avec cette histoire ! », il eut l’idée de le remettre à son ami Paul, « le détraqué moteur », très friand de littérature et déjà fervent admirateur de Voltaire.
Ces chapitres, inconnus jusqu’ici, ne comportent aucun nombre permettant de les intégrer au récit général, seulement des lettres de A à Z témoignant de la volonté de produire un ensemble organisé. Rien n’indique clairement qu’ils soient issus de la main de Voltaire. Peut-être ont-ils été écartés de son ouvrage par la volonté de l’auteur qui a dû rencontrer quelques incrédules parmi ses premiers lecteurs. La représentation de ce xxie siècle, des événements qui s’y déroulent, si extravagants pour le XVIIIe, n’est pas sans justifie une telle attitude.