Editions Calmann-Lévy - 2004

 

 

Journal de bord
d’un détraqué moteur

 

  Textes recueillis à Dijon, Lille, Sivignon de 1998 à 2003

Je choisis d’écrire cette correspondance épistolaire, altière, pour valoriser les changements de vie des handicapés, changements visibles après reconnaissance par les autres, les handicapés de la relation. Juste un sourire, une attention et nous voilà grandis. Pas de tralala notre vie est au milieu de tous, notre vie est publique ! Pour parler de Paul il faut manger avec lui, il faut lire le livre de Paul, il faut rire avec lui. Pour parler de Paul vous devez oublier vos certitudes et venir voir le monstre, l’homme. Le Yéti pense ! Le microbe qui a provoqué mon handicap est le même qui peut poser cette question, il se nomme l’ignorance.Oui, je veux dire ma joie d’écrire puisque je ne parle pas. C’est une chose incroyable pour les bien-pensants mais j’écris et je chante comme tout le monde. Je chante des odes et des poèmes pour dépasser mon être, pour exister.
 
Mes personnages principaux évoqués :

 

Ma mère : Jane, la reine, la libellule

Mon père : Lucien, corne de buffle, pharaon, Ramsés, Pape Pie One

Mon orthophoniste dijonnaise : Nathalie, Capucine, Almira

Mon orthophoniste lilloise : Céline

Mon accompagnateur de vie : Philippe, Phil

 

 

J e s u i s…


Je suis Paul Melki
Mes amis m’appellent Paulo
En 1986 je suis arrivé ici bas
Vous ne pourrez pas deviner dans mon image l’espace de mon esprit.
Il me faut un peu de temps pour créer des couloirs tressés de lianes au-dessus des réseaux de mon cerveau.
Le cri, mon cri est ma carte d’identité devant l’éternité du silence infernal de la solitude.
Le cri, folle distorsion du silence.
Le cri de Paul, vagissement excentrique, appel impudique à la régression sonore.
Le cri puise ses racines au plus profond de ma nudité, de ma mémoire de survivant.
Grenade jetée à la face des citadelles bruyantes où siègent vos orifices vocaux si facilement ouverts.

 

 

Articles de presse