Insidieusement
Ainsi
Dieu
Se
Ment

Poèmes - Editions les Pas perdus - 2003

 

J e s u i s...

Je suis Paul Melki

 

  Mes amis m’appellent Paulo.
En 1986 je suis arrivé ici bas.
Vous ne pourrez pas deviner dans mon image l’espace de mon esprit.
Il me faut un peu de temps pour créer des couloirs tressés de lianes au-dessus des réseaux de mon cerveau.
Le cri, mon cri est ma carte d’identité devant l’éternité du silence infernal de la solitude.
Le cri, folle distorsion du silence.
Le cri de Paul, vagissement excentrique, appel impudique à la régression sonore.
Le cri puise ses racines au plus profond de ma nudité, de ma mémoire de survivant.
Grenade jetée à la face des citadelles bruyantes où siègent vos orifices vocaux si facilement ouverts.
 

 

 

Portrait de Paul par lui même

 

Le clown

 

  Le rire emporte la fragilité de mon corps
Petit acrobate du handicap
Toujours à la recherche de l’équilibre
Si naturellement désaccordé
Et au moment fatidique
Quand la chute paraît inéluctable
Devant l’angoisse partagée
Le clown apparaît
Resplendissant
Et d’une bouche écartelée
D’un revers irraisonnable
Il éclate de rire
Pour balayer ses larmes et saisir
Dans une petite goutte d’éternité
L’insoutenable beauté
De la vie
 

 

Portrait de Jane Watts

 

Le verbe et le sujet

 

  Le verbe apparaît
Pour toi, ô sujet inanimé.
Il est l’esprit de ses pauvres sujets.
Souple il se transforme
Et vous gonfle d’orgueil,
Vous laissant l’illusion d’être et d’avoir
Alors que vous n’êtes que des marionnettes singulières ou plurielles,
Persuadées de le soumettre.
Il s’accorde docilement,
Sachant qu’à l’origine il était seul
Et que sans lui vous n’êtes rien.
 

 

 

Un béotien
Navigue moins bien
Qu’un lilliputien
Par temps de chien