Isabelle Chemin, sculptrice, et Paul Melki ont collaboré sur 10 bustes,
chacun composés de plusieurs éléments, plusieurs personnages.
Chaque texte représentant une des têtes.
Site d'Isabelle Chemin

 

Quel cri!

L'exsangue: "J'aspire à la paix!"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La face :

« Ces Deux lèvres rondes m'empêchent de cracher quantité de mots acérés."

 

Le débraillé:

"FAITES MOI DE LA PLACE! ECARTEZ VOUS !"

 

 

 

 

 

 

 

Figure de l'aquatique irresponsable
(le chapeau):

 




Quand la mort masque l'amour
( l'enfant soldat)

 

 

 

 

 

 

 

Le personnage violent:

 

 

 

 

 

 

 

"Dur de vouloir tout assumer. Moi je me baigne des eaux de l'innocence, je nage dans la naïveté de la naissance, celle qui se cache au fond des eaux maternelle, là où tout n'est que pureté. Je n'ai rien vu de ses méfaits, je n'ai rien entendu des lamentations, je n'ai donc rien à dire. Je suis là pour couvrir d'un masque souriant les souvenirs désespérants. Faut bien vivre!"

 

Assassin foutu:

Silencieusement, j'ai bu le sang de mes victimes.
Quotidiennement j'ai déchiré les membres,
avalé la chair humaine au goût fade,
rongé les os comme un chien ronge sa rage, salivé d'un appétit féroce la moelle qui les faisait vivre,
je les ai jetés à la haine des hyènes qui les ont brisés de leurs dents acérées,
quêté pour en avoir toujours plus et la mort m'a ainsi nourri dans ce pays où pourrissent les enfants qui ne sont pas soldats.
Après 10 ans de cette boucherie la guerre s'est achevée et me revoilà affamé.
Dois-je déclencher de nouveaux massacres pour avoir le droit de subsister?

 

Le démon du désir

"Quitte ce pays sans regret! Rejoints les terres hospitalières d'occident où tu conteras tes récits de terreurs. Accable les de détails les plus horribles, ils en sont friands, eux qui ne peuvent s'offrir tes plaisirs, charge la table de leur conscience de tous les mets malsains. Ils se pourlécheront, tout en simulant le dégoût. Ils te pardonneront en te traitant de victime, persuadés que l'enfant ne sait pas ce qu'il fait. Vas! Avant d'être dévoré à ton tour par un nouveau né."

 

 

 

 

Qui sait ce qu'une main détient!

 

 

Masque défini par l'harmonie perturbée
Domingo dit sa grandeur déchue:

 


"Naître avec une belle gueule comme moi et se faire traiter de voyou, tout ça parce que j'ai une moustache... C'EST UN PEU RAIDE! La beauté ne se calcule pas mais elle peut s'améliorer. Et une petite moustache, ça pose un homme. C'est comme un berceau où repose le nez, le toit de chaume couvrant la bouche, la haie de buisson qui cache au regard les mastications."

 

 

 
L'intrus:

"Prends à droite! Attention à la bosse! Allez fils! SCHUUUUUUSSSS!
Ça c'est du hors piste.

 

La sangsue :
"Fini de rire, je te défie de rire!
Si tu ris je te mords.
Ah! Ah mon coco, la vie c'est pas de la tarte!"

 

 

Heureux malheureusement

 

Le 1er petit personnel:

"C'est toi le salopard qui me pique ma face chaque fois que ce gros plein de soupe change d'humeur? Depuis que tu as été engagé mon salaire a baissé. Avant il se contentait d'être heureux ou malheureux, maintenant c'est vachement plus compliqué à trois."

 

L'instant de l'enfant

Radiation de joie, non-nocif:

"Amal GAME est mon vrai nom.
Je trouve qu'il me va bien. D'ailleurs tout le monde m'appelle comme ça.
Écoutez les! Regardez derrière! Sur mon derrière, ils sont collés à moi comme des désespérés à leur rocher battu par les flots.
Je suis leur île et depuis qu'ils sont là, je ne suis plus déserte.
Ils m'ont baptisée Amal GAME. C'est un beau nom!"

 

Mâle assez quiet

Le chant du serein:

"Après tant de jours Gagnés par l'amour, Les soeurs siamoises Adeptes de noises, Ont quitté ma vie.
Sans oublier les plis
Des rides qu'elles ont gravées
Pour prix de mes succès.
Rides favorites
Où se lisent mes mérites,
Visage soumis à la peine,
A la joie, à perdre haleine."

 

 

 

Salomé abandonnée:

"Je quête la miséricorde depuis 2000ans.
Sans Salomé, nul ne se souviendrait de Jean Baptiste.
Elle tenait dans ma paume cette tête tranchée. On me l'a volée sans pitié quand je voulais la caresser, la dorloter, l'aimer...
Il m'avait refusé son corps, alors j'ai exigé sa tête.
Aujourd'hui que je suis vieille, je n'ai plus que cette paluche ridée, vide, pour me souvenir de mon amour décapité.
Par pitié rendez-moi ma tête! S'il vous plaît faites moi l'aumône de ma jeunesse!"

 

 

 

Escaladeur à l'écoute de la montagne:

"UN PEU RAIDE!UN PEU RAIDE! Ça se voit que c'est pas toi qui t'la tapes la grimpette pour venir écouter tes conneries.
Et dire qu'il y en a pour dire que psychanalyste c'est de tout repos! Écouter c'est bien plus crevant que parler."

 

Haut de col:

"Quand tu te montes du col,

tu me remontes les boules.

Tu le sens pas ?"

 

 

Devine qui vient patiner ce soir?

La solitude du patineur:
"Qui peut me dire quelque chose?
Personne pour me parler? Juste quelques mots en passant.
Souhaitez-moi une bonne journée ou insultez moi!
Ne me laissez pas seul avec ce bruit dans ma tête: « schhuuuuuusss »."

 

 

 

Masque véritable:

Si vous découvrez mon vrai visage, je me retrouverai tout nu!
La vérité est sauve, lorsqu'elle ne se cherche pas, elle gagne à rester cachée pour ne pas être altérée, sinon chacun en fait ce qu'il veut.
Suis-je heureux quand je suis mal ou ai-je mal quand je suis heureux?
Malheureux je me réjouis pour ne pas me révéler, joyeux d'en être capable.
Pourtant si je quittais mes masques, m'aimerais-je encore?



Le 2ème petit personnel:

"Avant il était jeune, beau, plein d'ambition, aujourd'hui il est vieux, riche et il a les moyens d'avoir autant de masques qu'il le souhaite. La vraie question est, comme l'a dit le poète: « Faut-il encore se déguiser quand la richesse vous sert de masque? »

 

 

Tous les colles-cul:

"Mama! miam! Mama miam! Mama miam! Mama miam! Mama miam! Mama miam! Mama miam! Mama miam!"






 

 

Plein soleil:

"Regardons les choses en face, l'intérieur est plus joli
Que cette face ramollie,
Dont on ne sait si elle pleure ou si elle rit
Comme un après-midi de soleil et de pluie.
De ses rides, moi je me ris
Car je sais que ses envies
Il en a plus qu'il ne dit
Et je rigole en catimini
De sa sérénité d'ahuri."

 

   

 

 

 

Sans abris quand le canon gronde (Synagogue)

 

 

 

 

Quelques réfugiés:

 

 

 

 

 

 

 

 

Après la vie:

"Quand vient le soir,
Que le coeur ne craint plus l'espoir,
Aux pleurs sans rire,
Aux vies sans plus de désir,
Je me livre abandonné,
Incertain, désordonné,
Halluciné de la mort
Qui dans ses mains me tord.
Déserteur involontaire
D'une vie accomplie me satisfaire.
Et pourtant de mes gloires
Ne reste que poussières dérisoires.
Mes yeux cernés
Tardent à se fermer,
Ils retiennent les larmes
Trop longtemps dans mon âme
Accumulées."

 

Les fêtards du cimetière:

 

 

 

 

(sur l'air de la Marseillaise:
choeur de 7 voix)

Allons enfants de la misère,
Les jours d'espoirs sont révolus.
Que reviennent les jours de guerre
Et nous serons tous abattus
Et nous serons tous abattus.
Entendez vous nos cris funestes,
Réjouir ces féroces tueurs,
Grisés de toutes nos terreurs,
Nous exterminant comme la peste!
Prions frères d'infortune!
Nous sommes chair à canon!
Mourons, mourons,
C'est notre sang,
Qui gorge leurs sillons.

 

Tard vient le soir

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Sonne la charge camarade!
Viens rejoindre la parade
Des sans souci de la vie,
Des taris, des proscrits.
Quitte tes craintes,
Ris du passé de tes étreintes.
L'amour ivre t'attend,
Celui que nul ne comprend
Mais où tous sont conviés.
Viens sans feinte te combler."